Souffrance au travail

Le travail occupe une place importante dans la vie de chacun. Outre sa contrepartie financière, il est constitutif de notre identité, c’est pour cette raison que l’on y est si attaché.
Le travail peut rendre heureux et nous épanouir quand nous lui trouvons un sens, quand nous en obtenons une reconnaissance. Il peut aussi, pour les mêmes raisons, faire souffrir, quand il est vide de sens, quand il est réduit à une performance exclusivement de rendement, quand nous devenons un outil interchangeable et perdons la reconnaissance de notre hiérarchie, de nos pairs.
À notre propre déni de souffrance, s’ajoute celui de notre entourage professionnel, pour qui une telle situation engendre de la peur. Des mécanismes de banalisation, de rejet, de dévalorisation isole la personne dans sa détresse.
L’organisation du travail est pour la plupart du temps responsable de ces maux. Elle a l’ avantage de fournir des éléments factuels, objectifs que nous pouvons repérer et sur lesquels nous pouvons intervenir


Pourquoi est-il important de consulter un psychologue dès les premiers signes de mal-être au travail ?
Tout simplement pour rester toujours acteur de la situation, en avoir une bonne compréhension et mobiliser les ressources personnelles et extérieures (la justice parfois)  nécessaires à sa gestion. Enfin et surtout pour éviter que ne s’installent des troubles physiques et psychologiques plus durables.


 "Parallèlement aux démarches administratives et/ou juridique, un accompagnement psychologique est très important" Marie Pezé, psychologue clinicienne, psychanalyste, auteur "il ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés 


Video : stress et harcèlement - Marie Pezé

 http://www.youtube.com/watch?v=oRPQdr8z_fY




Références sur la souffrance au travail 
Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste, dans son ouvrage « le harcèlement moral dans la vie professionnelle » signale les amalgames au sujet de la notion de harcèlement moral. Elle différencie le stress au travail, du harcèlement professionnel et du harcèlement moral.

Si chacune de ces situations créent de la souffrance, les atteintes psychologiques sont différentes et nécessitent par conséquent des réponses et des soins particuliers.
Le harcèlement moral se caractérise par l’intention de nuire du harceleur générant chez la victime, de manière durable, honte, humiliation et sentiment d’impuissance. Le stress au travail, quant à lui, n’est pas dirigé nécessairement vers une personne, il peut être la résultante de problème organisationnel, de management stressant. Enfin, le harcèlement professionnel (ou managérial) correspond à une pression notamment pour produire plus ou mieux, il touche un poste, un service, une entreprise, mais n’est pas dirigé vers une personne de manière délibérée et répétée.

Dans le cas de souffrance liée au stress ou au harcèlement professionnel, le conflit peut apparaître entre les personnes concernées, il peut être salutaire. La confrontation est possible.
Dans le harcèlement moral, il n’y a pas de conflit ouvert, la confrontation est refusée. L’agression est souvent sournoise, niée, perverse.

Les solutions vont être différentes :
Le repos, l’arrêt de travail, l’intervention d’un délégué du personnel ou d’un médiateur, la gestion de conflits, un soutien psychologique, seront généralement suffisants pour se rétablir dans les situations de stress ou de harcèlement professionnel.
Pour le harcèlement moral, quand celui-ci n’est pas détecté rapidement, les victimes présentent des pathologies psychologiques (62% de dépression), psychosomatiques, (52% des cas) qui nécessitent une prise en charge médicale, psychiatrique ou en psychothérapie.

Se protéger et dénoncer
Outre la prise en charge médicale et psychologique, il est important d’une part de se protéger et d’autre part de dénoncer ce harcèlement pervers. Se protéger en adoptant une attitude particulière – à mettre en place avec un psychologue - sur son lieu de travail pour éviter de tomber dans le panneau de la faute professionnelle ou du débordement émotionnel que le harceleur attend. Puis, dénoncer d’abord auprès de sa hiérarchie, du DRH, du délégué du personnel, le harcèlement moral. Si des solutions ne sont pas trouvées, préparer sa défense devant les tribunaux, en prenant des notes, en recueillant des témoignages, en demandant un avis juridique auprès d’un avocat ou de l’inspection du travail, en se rapprochant d’associations de défense des salariés…


L’approche de la psychodynamique du travail, considère le gap entre travail prescrit (par l’entreprise) et travail réel (vécu par le salarié)  qui constitue un point névralgique. Le salarié va déployer des stratégies, des conduites spécifiques, coûteuses sur le plan psychologique et physique, pour tenter d’ajuster travail prescrit et travail réel.Ce champ théorique s'est développé grâce au travaux récent du psychiatre: Christophe Dejours.


"L'approche psychodynamique a pour objet la mobilisation de l’intelligence et de la personnalité des agents ; celles-ci concourent à surmonter ce que la réalité leur oppose en terme d’aléas et de contradiction au sein de leur travail. En d’autres termes, le travail est « ce qui n’est pas déjà donné par l’organisation théorique du travail », tout ce que les hommes et les femmes s’ingénient à inventer pour trouver les meilleurs compromis entre ce qu’ils doivent faire, ce qui leur est possible de faire, et ce qu’ils souhaiteraient faire, compte tenu de ce qu’ils pensent être le juste ou le bien". Actualité et dossier en santé publique n° 9 décembre 1994 page XIX.




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